Sur fond de musique techno entre coupée de sons de réception de messages de sms un spot TV montre des jeunes qui sautent d'une fenêtre vers un escalier de secours, courent dans la foule et des escaliers, sautent dans le vide, etc. pour se retrouver tous dans un minibus. Il s'arête devant un pont qui se relève. Les jeunes rigolent de façon provocante et soudain le chauffeur démarre et ils sautent l'obstacle. Voix d'hommes : « un ou deux appels, une ou deux sms et vivre les moments les plus fort. Mobistar, jamais sans les autres. »
L'annonceur a fait valoir qu'il s'agit de surréalisme. Il a fait remarquer que dès le début du film, les protagonistes s'échappent de leur quotidien de manière totalement inhabituelle et non-réaliste. En ce qui concerne le véhicule, le choix s'est porté sur un combi plutôt que sur une voiture de sport pour la simple raison que le but recherché était l'évasion d'une bande de jeunes néoromantiques et non pas une course folle dans un bolide. Le côté surréaliste et l'humour viennent du type de véhicule choisi. Le film caractérise la bonne humeur, le fun, la joie de vivre. D'autre part les images ralenties donnent aux jeunes (qui portent des ceintures de sécurité) l'impression de vivre en apesanteur : ils quittent le monde réel pour un univers plus onirique. Il a souligné que lors de l'élaboration et la diffusion de ce film, aucune remarque négative n'a été formulée et que les avis étaient on ne peut plus positifs.
Après examen et considérant que le spot
-est tout particulièrement de nature à retenir l'attention des jeunes par son style, son visuel, son texte final et le service dont il fait la publicité;
-fait référence à des situations qui peuvent être réelles (p.ex. s'extraire d'une voiture par la fenêtre, circuler en skate-board dans une foule, se trouver face à un pont mobile qui se lève, etc.) même si elles sont insérées dans un ensemble comportant des éléments parfois plus confus et conçu de manière à créer une atmosphère irréaliste,
le Jury a estimé que ce message est susceptible de cautionner, banaliser voire inciter à des comportements dangereux et ne témoigne dès lors pas du sens de la responsabilité sociale qui convient en particulier à l'égard des jeunes. Le fait même que le message soit voulu et puisse être perçu comme relevant du monde du rêve, de l'imaginaire, de la joie de vivre, de la sublimation du quotidien, etc. renforce encore l'attractivité des comportement montrés.
Il ne peut être perdu de vue qu'existent actuellement dans la société des groupes de jeunes qui se rassemblent et, pour divers motifs, adoptent des comportements qui volontairement vont à l'encontre des règles de sécurité et du respect des règles de la vie en société.
Sur base des art. 13 et 1, alinéa 2 du code CCI, ainsi que les art. 1, 3e alinéa et 13 du code d'éthique de la publicité du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel, le Jury a recommandé de ne plus diffuser ce spot.
L'annonceur a répondu que l'objectif de la campagne n'était pas d'encourager des comportements dangereux et préjudiciables et il a exposé les soins qu'il a pris dans la réalisation du spot :
-le film est inscrit dans le style bien connu de Mobistar : il joue la carte de l'exagération et le « super jump » en est l'expression ;
-le véhicule utilisé donne au film un ton sympathique et irréel;
-des ceintures de sécurités ont été ajoutées pour réduire encore une éventuelle impression de transgression;
-le film utilise beaucoup de ralentis pour s'éloigner encore du réel et placer ainsi le film dans la fiction;
-le film contraste par sa sagesse dans un monde multimédia très agressif.
Afin de vérifier la perception de la campagne sur l'ensemble de la population (jeunes y compris), il a testé ce spot auprès de deux sociétés de recherche indépendantes et ces études ont démontré que les consommateurs ont bien perçu le sens du message. Il a souligné que le public est habitué à un registre de publicité qui est très souvent hyperbolique et que les jeunes générations ont appris à décoder les mécanisme de la pub. Il a également communiqué l'avis d'un sociologue indépendant sur la façon dont les jeunes décodent la publicité. Même s'il a estimé que ce spot ne vise pas à cautionner, banaliser ou inciter à des comportement dangereux, il a décidé d'adoucir encore le spot en proposant une nouvelle VO qui met l'accent plus sur l'amitié que sur le vécu du moment fort.
Le Jury a constaté que, nonobstant la modification de la VO dans le sens d'une atténuation de prise de risque, le spot resterait inchangé dans ses images. Il a expliqué à nouveau sa recommandation de ne plus diffuser ce spot en la confirmant.
L'annonceur s'est référé à une décision du Collège d'autorisation et de contrôle du Conseil Supérieur de l'audiovisuel qui a été prise après la recommandation du Jury. Ce Collège avait conclut que les comportements mis en scène par la publicité en question, s'ils peuvent être considérés comme préjudiciables à la sécurité, ne sont pas pour autant encouragés ou approuvés par celle-ci.
Le Jury a estimé que dans le contexte social actuel où l'attention est accordée à un comportement plus sûr et responsable dans la circulation par les jeunes, sa recommandation est justifiée.
L'annonceur a confirmé que le spot n'est plus diffusé pour le moment, mais qu'il se réservait le droit de l'utiliser plus tard.
Le Jury en a pris acte et a insisté auprès de l'annonceur afin qu'il le contacte au préalable étant toujours disposé à examiner toute proposition de modification du message.
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