GLEEDEN – 28/08/2012

Description de la publicité

Sur l’affiche, figure le texte suivant, sur fond mauve: "Les vacances c’est toujours l’occasion d’aller voir ailleurs".
En-dessous, une image d’une pomme rouge croquée et « Gleeden.com – le 1er site de rencontres extra-conjugales pensé par des femmes ».

Motivation de la plainte

Le plaignant est juste effrayé et tout simplement triste de pouvoir lire ce genre de connerie qui pousse et prône l’infidélité. La communication a ses limites. Le plaignant espère ne pas être la seule personne indignée par ces graines qu’on sème dans notre esprit et qui nous mènent à penser que l’homme/la femme ne connaît aucune limite.

En tant que parent, le plaignant est choqué de constater qu'en diffusant cette publicité de la sorte, les enfants, qui par nature sont dans l'apprentissage de la vie, sont insidieusement confrontés à avaliser (c'est le but du marketing) ce type de message qui laisse suggérer que l'infidélité est un acte tout à fait normalisé dans notre société... ou ce qu'il en reste. Une publicité pareille montre à quel point notre société est en perte de balises sociales - laissant champs libre à de nombreuses dérives. Elle met à mal ce qu'il nous reste de structure familiale. La visibilité de cette annonce enlaidit l'image que le plaignant a de son propre pays: une Belgique en perdition, incapable de trouver ses propres limites, même en termes publicitaires.

Cet affichage est dégradant, incitant à l'adultère en toute légitimité, et expose nos enfants à un manque de moralité et de respect total.

Le plaignant trouve qu’il est immoral de donner crédit, importance, place à un tel message. De même qu’il ne peut y avoir de publicité à caractère politique ou raciste, toute publicité pouvant mettre à mal une éthique morale ne devrait pas être permise.

Le plaignant trouve la publicité amorale et dégradante et déplore en particulier la présence de ces pubs devant les écoles.

Les plaignants sont indignés par la campagne publicitaire de Gleeden. Celle-ci promeut le principe de relations extraconjugales et s'adresse à cet effet aux personnes mariées. Elle propose des moyens destinés à faciliter des relations adultères.Les slogans utilisés présentent les relations extraconjugales comme légitimes et leur donnent un caractère innocent et ludique. Aucune réserve morale n'est exprimée.
Les relations extraconjugales que cette société préconise et la campagne qui est organisée en leur faveur vont à l'encontre des obligations civiles qui découlent du mariage. Elles vont donc à l'encontre du bien commun et ne tiennent aucun compte des conséquences qu'engendrent de tels comportements. Elles ne peuvent que nuire à l'union des époux, exposer les enfants aux dégâts causés par cette désunion et perturber leur développement psychologique et social avec pour conséquence que leur vie d'adulte ainsi fragilisée entrainera la réitération de pareilles situations.Il s'agit donc d'une atteinte au mariage qui est reconnu et protégé par la loi. En son article 213, le code civil énonce que « les époux ont le devoir d'habiter ensemble; ils se doivent mutuellement fidélité, secours, assistance. » Ce texte est inchangé depuis la promulgation du code civil le 21 mars 1804.
Ces obligations sont solennellement contractées et affirmées par les époux lors de la célébration du mariage devant l'officier de l'état-civil.
Il s'agit donc d'obligations légales de droit civil qui s'imposent aux époux et qui doivent être respectées par eux et par les tiers. La campagne publicitaire incite les époux à ne pas respecter les obligations qu'ils ont contractées et dont des tiers ne peuvent les délier.
La campagne met donc en cause des droits civils consacrés par la loi. Le fait que la loi de 2007 ne prévoie plus comme cause de divorce que la désunion irrémédiable des époux ne change rien au respect du principe de fidélité puisque la loi ne recherche plus l'origine du divorce. L'article 1016bis du code judiciaire a maintenu après la loi de 2007 la possibilité du constat d'adultère réalisé par un huissier de justice sur ordonnance du Président du Tribunal de première instance.
La circonstance que l'adultère ne soit plus assorti de sanctions pénales ne change rien à l'obligation de fidélité des époux.Le comportement que constitue l'adultère est donc bien contraire à la loi. En son article 6, le code civil énonce en outre : « on ne peut déroger, par des conventions particulières, aux lois qui intéressent l'ordre public et les bonnes mœurs. » Ce sont précisément de telles conventions que propose la campagne publicitaire.
Il s’agit d’une atteinte grave au bien commun: ni l'infidélité ni la trahison de la parole donnée ne peuvent être données en exemple et favorisées commercialement à peine de dissoudre les bases de la famille et de la société.

Décision du Jury

Le Jury a d’emblée noté que la publicité litigieuse fait la promotion d’un site de rencontres extra-conjugales. En effet, la mention suivante figure notamment sur l’affiche soumise à l’appréciation du Jury: « Gleeden.com – le 1er site de rencontres extra-conjugales pensé par des femmes ».

Le Jury a constaté que le service proposé (site de rencontres extra-conjugales) présente un lien évident avec l’adultère et est, à ce titre, susceptible de poser question sur le plan éthique ou moral, comme en atteste le contenu des nombreuses plaintes.

Néanmoins, le Jury entend rappeler qu’il ne ressort pas de sa compétence de se prononcer sur la nature, la qualité ou la pertinence d'un produit ou d'un service mais bien sur la publicité qui est susceptible d’en être faite.

Après avoir examiné le slogan de la publicité en question (" Les vacances c’est toujours l’occasion d’aller voir ailleurs"), le Jury a estimé qu’il est difficile de faire la promotion d’un tel service (site de rencontres extra-conjugales) sans faire la moindre référence – directe ou indirecte – à l’adultère.

Par conséquent, si le Jury ne peut se prononcer sur la référence à l’adultère en tant que telle, il a néanmoins estimé que le slogan a un double sens à connotation humoristique.

Il a donc estimé ne pas devoir formuler de remarques à l’égard de cette publicité qui n’enfreint aucune disposition légale ou autodisciplinaire, compte tenu du service dont elle fait la promotion et dont on suppose qu’il est légalement mis sur le marché, compte tenu de la dépénalisation de l’adultère.

Suite

A défaut d’appel, ce dossier a été clôturé.

Annonceur:GLEEDEN
Produit/Service:Site de rencontres extra-conjugales
Média:Affichage
Initiative:Consommateur
Catégorie:Sport et loisirs
Type de décision:Pas de remarques
Date de clôture: 28/08/2012