ELI LILLY – 15/05/2012

Description de la publicité

Voix-off 1 : « Peut-être que c’est la fatigue. Peut-être que c’est mon alimentation. Ou peut-être que c’est à cause de la crise. Et si ça n’avait rien à voir ? »
Voix-off 2 : « Un homme sur trois après 40 ans souffre de troubles de l’érection. N’attendez pas. Parlez-en à votre médecin ou visitiez le site nattendezpas.be, des solutions existent. Cette campagne de sensibilisation aux troubles de l’érection avec le soutien de la Belgian Society for Sexual Medicine est une initiative privée. »

Motivation de la plainte

1. C'est une pure publicité commerciale qui se cache sous les traits d'un message d'utilité ou de sensibilisation publique. Personne ne peut s'y tromper, le "disclaimer" du site renvoie directement à la firme pharmaceutique Eli Lilly.

2. La publicité est mensongère. La statistique assénée par cette publicité "1 homme sur 3 dès 40 ans est sujet à des troubles érectiles", est très largement sujette à caution. Un numéro spécial de Science & Vie indiquait quant à lui que l'andropause et les problèmes érectiles liés ne touchaient que 2% des hommes entre 40 et 80 ans. Cette dernière référence est peut-être tout autant sujette à caution mais le gap entre les deux suggère la méfiance totale envers la première affirmation.

3. Cette publicité est nuisible et de nature à causer les troubles qu'elle prétend aider à soulager. Il est sans conteste que des phénomènes d'impuissance sont souvent d'origine psychologique, que la peur de l'impuissance ou de la "panne sexuelle" est latente dans la psyché de la plupart des hommes. En martelant de manière obsédante une statistique qui insiste et exagère sur la prévalence du phénomène, elle peut justement le provoquer. C'est une publicité susceptible d'autoréalisation et susceptible de créer ou d'amplifier un problème de santé publique afin justement de le médicaliser et de réaliser des profits. En conséquence, une publicité nuisible et qui tend à créer un problème pour commercialiser ensuite sa prétendue solution est contraire à l'éthique publicitaire.Le plaignant se réfère aussi, pour baser ses affirmations, au documentaire "Erectionman" qui dénonce l'immense campagne de plusieurs firmes pharmaceutiques pour créer de toute pièce un marché de la médicalisation du dysfonctionnement érectile.

Position de l'annonceur

La campagne "n’attendez pas" est une campagne d'information relative à la santé humaine. Ce type de campagne est strictement réglementé par l’arrêté royal du 22 novembre 2006 relatif à l’information et à la publicité concernant les médicaments à usage humain. Conformément à cet arrêté royal, cette campagne et les différents spots radio/TV qui la constituent, a reçu un visa obligatoire du Ministre des Affaires Sociales et de la Santé publique après avis de la Commission de Contrôle de la Publicité des Médicaments.

L'objectif de la campagne est la sensibilisation auprès du grand public à ce que la dysfonction érectile après 40 ans n'est pas nécessairement une évolution fatale liée à l'âge mais peut être un symptôme d'appel d'une pathologie cardiovasculaire sous-jacente. Elle vise à briser le silence autour du sujet, tabou qui empêche les patients de parler au sein du couple et les retient de consulter leur praticien. Les acteurs (patients, partenaires, pharmaciens, médecins) sont sensibilisés à l'ouverture du dialogue et surtout à ne pas laisser les symptômes d’appel se développer sans prendre de mesures.

La campagne est soutenue par les Laboratoires Eli Lilly Benelux. Néanmoins, conformément à la législation et à l’interprétation qui en est donnée par l’Agence Fédérale des Médicaments et des Produits de Santé (AFMPS), ce type de campagne ne peut faire apparaître - ou alors que de manière très discrète -, le nom du laboratoire pharmaceutique qui sponsorise ce type de campagne, sous peine d’être perçue comme une campagne publicitaire pour un médicament. C’est la raison pour laquelle, la campagne étant constituée de divers medias dont un site internet, les spots radios/TV se réfèrent uniquement à ce site qui n'est donc pas anonyme et mentionne, lui le nom du sponsor, comme requis par la loi. Par ailleurs, par souci de transparence et pour clairement indiquer que ceci est une campagne sponsorisée, la phrase « Cette campagne est une initiative privée » a été rajoutée à la fin de chaque spot.

Le thème « Un homme sur trois,… » en est référencé et approuvé tant par les autorités que par les scientifiques, comme un slogan répondant à l’objectif de la campagne. En effet, celle-ci –en plus de l’approbation de la Commission de Contrôle- est endorsée par une société savante indépendante, la Belgian Society for Sexual Medicine, constituée de praticiens des pathologies sexuelles (BeSSM).
Ainsi, tant l’AFMPS que cette société scientifique n’ont pas considéré que cette campagne était « nuisible » pour les patients.

Décision du Jury

Le Jury a constaté que le spot radio se termine par une voix off qui dit « Cette campagne de sensibilisation aux troubles de l’érection … est une initiative privée » mais que l’annonceur n’est pas identifié.

Le Jury est d’avis qu’il s’agit d’une campagne d’information et de sensibilisation et a constaté que cette campagne a obtenu un visa préalable après avis favorable de la Commission de contrôle de la publicité pour les médicaments et ce, conformément aux articles 16 et 17 de l’AR du 7 avril 1995 relatif à l’information et à la publicité concernant les médicaments qui stipule que la diffusion radiophonique auprès du public d’une campagne d’information ne peut avoir lieu qu’après obtention d’un visa délivré par le Ministre.

Le Jury a pris bonne note du fait que, selon l’Agence Fédérale des Médicaments et des Produits de Santé, dans le cas d’une campagne d’information provenant d’une firme pharmaceutique qui commercialise un médicament qui prévient ou traite la maladie en question, Eli Lilly en l’occurrence, le nom de l’éditeur responsable et/ou du sponsor ne peut apparaître sur le matériel de la campagne que de manière discrète, tout autre référence étant interdite qui rappellerait directement ou indirectement le médicament. La mention audio du nom de l’annonceur dans le spot pourrait revêtir un aspect promotionnel indirect pour son médicament contre les troubles de l’érection, qui est sur prescription médicale et dont la publicité auprès du public est donc interdite.

Le Jury a également noté que la demande de visa est accompagnée des éléments indispensables au contrôle de la véracité de l’information diffusée et que le slogan de la campagne (« Un homme sur trois après 40 ans souffre de troubles de l’érection ») a été approuvé par la Commission de contrôle susmentionnée et par la Belgian Society for Sexual Medicine qui n’ont pas considéré que la campagne était nuisible pour les patients.

Eu égard à ce qui précède, le Jury a estimé n’avoir pas de remarques à formuler.

Suite

A défaut d’appel, ce dossier a été clôturé.

Annonceur:ELI LILLY
Produit/Service:Campagne de sensibilisation « N’attendez pas/Troubles de l’érection »
Média:Radio
Critères d'examen:Loyauté, Véracité
Initiative:Consommateur
Type de décision:Pas de remarques
Date de clôture: 15/05/2012