1) La plaignante a signalé une série de publicités qu’elle trouve inappropriées car elles encouragent la violence physique.
Ces publicités présentent des dîners de fin d'année où il y a des disputes et où les personnes s'envoient des plats à la tête et concluent "une bonne discussion c'est la tradition" ou "de délicieuses discussions de Noël".
Elle trouve cela dangereux, il ne faut pas confondre la violence physique (se lancer de plats à la tête) et une saine discussion avec des mots et une écoute respectueuse de l'autre. Cela l'inquiète que des jeunes enfants ou des personnes ayant peu de sens critique puissent comprendre qu'il est traditionnel et normal de se comporter violemment aux fêtes de famille.
2) Le plaignant trouve qu’à l'aube de 2020, il est indélicat de faire l'apologie de la “bataille de nourriture” avec, on le sous-entend, du gaspillage.
3) Le plaignant a indiqué que le spot sur le football traite joyeusement d'une femme qui attaque les parties génitales d'un homme. Il pense qu'à une époque où la violence conjugale est dénoncée à juste titre, on ne peut pas rire de tels faits. Les hommes sont également victimes de telles violences ; c'est donc très blessant pour les victimes. Selon lui, le fait que des termes camouflés, tels que “spits” et “kruising”, soient utilisés dans la version en néerlandais n'y change rien ; tout le monde sait qu'il s'agit ici des parties génitales de l'homme.
L’annonceur a tout d’abord communiqué que la campagne radio dont il est question fait partie d'une campagne d'image plus large dans laquelle il montre de manière ludique qu'en réalité la fête de Noël ne se déroule pas toujours comme on le voit dans les clichés.
Les spots sont selon lui clairement une exagération de comment une fête de Noël pourrait mal tourner dans un monde imaginaire surréaliste. L’hyperbole (forme d'exagération) est une figure de style courante qui est souvent utilisée pour évoquer une situation humoristique. Il tient à souligner qu’il ne veut en aucun cas faire la promotion de la violence et qu’il joue surtout la carte de l’humour en évoquant des situations où l’auditeur peut se reconnaître. Il est convaincu que le consommateur moyen comprend qu’on ne passe pas littéralement physiquement ses frustrations sur les convives.
En ce qui concerne en particulier le spot auquel se réfère la troisième plainte, l’annonceur a encore ajouté que dans les différents spots un lien est chaque fois établi entre une situation – ici, écouter un reportage sportif – et la terminologie utilisée dans ce contexte – ici, le football. Selon lui, le scénario est cependant clairement une exagération du fait que des conversations animées peuvent se dérouler autour de la table de fête.
En ce qui concerne la deuxième plainte, l'annonceur a de nouveau fait référence à l'utilisation de l'exagération comme figure de style courante pour décrire une situation humoristique et il a tenu à souligner qu'il ne veut pas promouvoir le gaspillage alimentaire et qu'il s’oppose quotidiennement au gaspillage alimentaire.
En tant qu'annonceur, il est conscient que l'humour nécessite la prudence nécessaire. Il souhaite donc se référer spécifiquement aux Règles du JEP en matière d'humour dont il ressort que ces communications ne vont pas à l'encontre des règles imposées. Les communications ne dénigrent ni ne discréditent aucune personne ou groupe de personnes et ne font pas d’allusion péjorative fondée sur le sexe, l’âge ou la race.
Le Jury a pris connaissance des spots radio en question et des plaintes qui les concernent et qui soulèvent des éléments concernant d’une part la violence et d’autre part le gaspillage alimentaire.
Il a constaté que dans les différents spots, il est question de discussions tendues à la table de Noël où les convives jettent de la nourriture les uns sur les autres.
Il a également pris connaissance de la réaction de l’annonceur dans laquelle celui-ci avance entre autres qu’il veut montrer de manière ludique que la fête de Noël ne se déroule en réalité pas toujours comme on le voit dans les clichés et que les spots seraient clairement une exagération humoristisque de comment une fête de Noël pourrait mal tourner dans un monde imaginaire surréaliste.
À ce sujet, le Jury est cependant d’avis qu’il ne ressort pas clairement des spots radio eux-mêmes qu’il s’agirait chaque fois d’une simple situation imaginaire dans le chef d’un des protagonistes.
Bien que les spots décrivent des situations qui peuvent sembler irréalistes et ceci, d’une manière exagérée, le Jury a en outre souligné à cet égard que, conformément aux règles sur ce point, l’utilisation de l’humour ne supprime jamais la responsabilité juridique et/ou éthique de l’auteur du message et ne peut donc rendre la publicité contraire à la loi ou aux règles de l’éthique publicitaire.
Or, le Jury est d’avis que les spots radio en question transmettent bien le message que la violence (familiale) et le gaspillage alimentaire peuvent sans problème faire partie d’une réelle fête de Noël dans certaines circonstances et qu’ils sont donc de nature à banaliser et à normaliser un tel comportement socialement condamnable.
Il a dès lors estimé que les spots en question ne témoignent pas d’un juste sens de la responsabilité sociale dans le chef de l’annonceur et sont de nature à cautionner un comportement violent ou antisocial sur ces points.
Compte tenu de ce qui précède et sur la base des articles 1, alinéa 2 et 2 alinéa 3 du Code de la Chambre de Commerce Internationale (Code ICC), le Jury a donc demandé à l’annonceur de ne plus diffuser les spots radio concernés.
L’annonceur a confirmé qu’il respectera la décision du Jury.