L’affiche montre une femme en sous-vêtements et le texte ‘Feel the difference’.
Le plaignant a communiqué que la campagne n’a pas sa place en rue et agit en tant qu’agression publicitaire. Cette publicité oblige de manière subtile toute personne à poser le regard dessus et on ne peut pas ne pas la voir vu la couleur des sous-vêtements qui font appel aux désirs sexuels féminin et masculin. Cette agression entraîne une aliénation de la société en mettant le consommateur en position de voyeur malgré lui.
Les conséquences sur la société sont les suivantes:
- Atteinte à l’intégrité de la femme. La femme désireuse de ne pas correspondre au schéma de femme objet du désir est confrontée malgré elle à l’identification.
- Frustration programmée. Le public non ciblé par cette publicité est frustré. En effet les africaines, personnes âgées, femmes qui ont subi une ablation du sein ne peuvent répondre au critère de mode de la jeune femme blanche sexy.
- Education. Le désir sexuel est commun à toute personne en âge d’une conscience sexuelle et son éducation passe par les médias, dont la publicité de rue. Le message que fait passer l’annonceur aux jeunes en mettant ses publicités en rue est la distribution des rôles féminins et masculins (femme objet du désir et homme voyeur à l'intérieur de l’espace public, alors que la sexualité se joue dans l’espace intime).
- Publicité. Elle véhicule l’idée que la femme exprime son désir publiquement et que son intimité est une affaire publique. Les conséquences sont telles qu’une femme subit des agressions verbales diverses.
- Mal-être et gêne. La femme objet montrée dénote un caractère hautement sexuel de par sa personne même de femme. Dans la vie quotidienne, la présence de cette publicité mène à des rapports humains gênés.
Certains points évoqués ci-dessus relèvent d'une non-éthique générale que l’annonceur supporte grâce à l’impact de ses clichés. Comment la marque s'y prend-t-elle? :
- utilisation des sous-vêtements rouges pour attirer plus facilement le regard,
- le mannequin met sa tête en arrière, regard coquin et entrouvre la bouche comme pour simuler un orgasme ou le désir sexuel,
- affichage public pour viser le public le plus large possible car une marque de sous-vêtements féminins gagne aussi à se faire connaître du public masculin.
L'image met en scène tout le code fantasmatique de la sexualité luxueuse. La pornographie n'est pas placée au centre de l'image elle-même mais dans l'acte de vision joué par le consommateur voyeur. L'obscénité quant à elle ne fait pas défaut à en lire la définition suivante : «L'obscénité est ce qui blesse ouvertement la pudeur. Il peut s'agir de paroles, d'actions, d'images, d'objets. Ce terme est fréquemment employé pour désigner ce qui porte atteinte à la pudeur dans le domaine de la sexualité, bien que ce ne soit pas son seul champ d'utilisation.». Cette pudeur affectée pourrait être rétablie si ces publicités étaient affichées ailleurs que dans la rue. La lingerie féminine fait partie intégrante de l’intimité d’une femme et ne devrait pas trouver sa place en rue.
Le Jury a examiné la publicité en question dans le cadre des articles 4 et 6 de son règlement (voir www.jep.be, rubrique “Règlement”) qui disposent qu’en cas d’irrecevabilité, d’infractions manifestes ou d’absence manifeste d’infractions, l’annonceur n’est pas invité à communiquer son point de vue.
Le Jury a constaté que l’affiche fait de la publicité pour de la lingerie.
Le Jury a estimé que la photo n’est pas du tout indécente ou obscène.
Le Jury a également estimé que cette affiche n’est aucunement de nature à porter atteinte à la dignité et à l’intégrité de la femme.
Le Jury a dès lors estimé que cette publicité n’est pas contraire aux Règles du JEP en matière de représentation de la personne.
A défaut d’infractions aux dispositions légales ou autodisciplinaires, le Jury a estimé n’avoir pas de remarques à formuler.
A défaut d’appel, ce dossier a été clôturé.
Rue Bara 175, 1070, Bruxelles, Belgique.
E-mail: info@jep.be
Tel: +32 2 502 70 70