SANOMA MAGAZINES – 05/09/2012

Description de la publicité

Sous le titre « Flair Action - Choisissez parmi ces 5 beaux gosses – Un speed dating en charmante compagnie ? », l’annonce présente la photo et le profil de 5 hommes et le texte suivant : « Envie de passer un chouette moment avec l’un de ces hommes ? Participez et gagnez un RDV le samedi 7/07 avec celui qui vous fait craquer ! ».

Motivation de la plainte

La plaignante a été utilisée malgré elle pour l'élaboration de la nouvelle campagne de l'IBSR, "Go For Zero", qui a mis en place pour ce développement des procédés malhonnêtes et abusifs. Les candidates sont recrutées via le magazine Flair, sous le prétexte d'un speed dating et invitées à se rendre au Brussels Kart pour rencontrer l'homme de leur choix. Sur place, la plaignante apprend par les hôtesses d'accueil que le rendez-vous se déroule dans une voiture. Elle est conduite sur un parking où il y a des journalistes, des photographes, des cameramen et un chapiteau Flair. L'homme qu’elle souhaite rencontrer l'attend au milieu du parking, à côté d'une voiture et l'invite à y entrer. Il démarre la voiture et exécute quelques petits tours sur le parking. Soudain, il accélère, freine brusquement, exécute plusieurs demi-tours secs.
Ensuite, la plaignante sort de la voiture et on lui pose quelques questions sur ses impressions et sur la vitesse ("pensez-vous que les hommes qui roulent vite ont quelque chose à compenser?", "refusez-vous de monter en voiture avec un homme qui roule vite?", ...).
On lui annonce ensuite du tac au tac qu’elle vient de participer à son insu à l'élaboration de la nouvelle campagne de prévention "Go For Zero", que le speed dating était un moyen d'attirer des jeunes femmes pour favoriser les réactions spontanées et que l'homme rencontré est un acteur. La plaignante est atterrée par cette nouvelle, se sent humiliée, idiote, abusée. Cerise sur le gâteau: le prix de sa dignité est évalué à 50€ de bons d'achats chez Ici Paris XL.Se servir de jeunes femmes célibataires, pour développer une campagne, aussi noble soit le but, est tout simplement scandaleux ! Il s’agit d'abus de confiance, de manipulation et d’humiliation publique.
La plaignante doute qu'une publicité élaborée sur de telles bases puisse être qualifiée de "respectueuse des règles d'éthique".

La deuxième plaignante s’est également laissé prendre au piège. Elle tient à appuyer la première plainte. Ce concours organisé par Flair était une pure manipulation. Cela est vraiment ahurissant de la part du magazine qui a organisé la venue des lectrices. Même si l'IBSR est à l'origine de la campagne, celle-ci n'aurait pu être élaborée sans la collaboration de Flair. Etant donné leur implication, ils sont, selon la plaignante, aussi fautifs que l'IBSR. De plus, rien ne stipulait dans l'article que les participantes seraient filmées. Il était juste précisé qu'un photographe serait présent. La plaignante s’est sentie utilisée et humiliée, tout comme la majorité des autres participantes. Cela va au-delà d'une simple blague. Sans parler du côté saisissant et potentiellement dangereux (perte de contrôle du véhicule, crise d'angoisse...) de cette "balade" en voiture.

Position de l'annonceur

Position Sanoma Magazines:

L’annonceur tient à souligner que cette action cadre dans la mission de sensibilisation de l’Institut Belge pour la Sécurité Routière (IBSR/BIVV), qui doit malheureusement constater que dépasser la vitesse autorisée est aujourd’hui encore la norme sociale plutôt que l’exception. Pour sensibiliser l’opinion publique sur ce point, l’IBSR/BIVV a développé une action dans le but de rassembler des réactions spontanées concernant la vitesse de conduite.

Concrètement, un appel a été fait à des femmes pour participer à un speed dating. Compte tenu du but de l’action, à savoir rassembler des réactions spontanées concernant la vitesse de conduite en vue de la sensibilisation sur la sécurité routière, la participation de l’IBSR/BIVV n’a pas été mentionnée dans l’appel et ceci, pour garantir la spontanéité des réactions.

Bien que l’annonceur approuve encore toujours le but de l’action, il regrette que, dans le développement de l’action, il n’a peut-être pas accordé assez d’attention à l’impact émotionnel chez les participantes. Pourtant, le bien-être émotionnel des lectrices en général et des participantes aux actions en particulier, est très important pour l’annonceur.

L’annonceur n’était malheureusement pas suffisamment au courant ni impliqué dans l’organisation du speed dating même et il n’a donc pu constater que trop tard que l’action était cause de contrariété chez quelques participantes. Toutes les participantes ont été personnellement contactées après l’action et la majorité a signalé qu’elles comprenaient l’action, compte tenu du but. De plus, l’annonceur tient à contacter personnellement les femmes touchées. Dans le futur et dans la mesure du possible, il fera encore plus attention à ce qu’aucune action à laquelle il attache son nom ne puisse causer des émotions négatives chez les participantes.

Position Institut Belge pour la Sécurité Routière :

L’IBSR a communiqué que pour comprendre la méthodologie de cette campagne et la raison qui l’a poussé à la développer, il est indispensable d’évoquer la triste réalité des tués sur nos routes.
Chaque année, 850 personnes meurent dans des accidents de la circulation. Une vitesse excessive ou inadaptée est un facteur déterminant dans pas moins de 30% de l’ensemble des accidents mortels. L’institut Belge pour la Sécurité Routière (IBSR) s’emploie dès lors en permanence à développer des campagnes de sensibilisation innovatrices et créatives en vue de réduire ce nombre élevé de victimes de la route. Cela vaut aussi pour des thèmes difficiles tels que le problème de la vitesse. Dépasser la vitesse autorisée représente malheureusement toujours la norme sociale plutôt que l’exception. Il s’agit donc de modifier cette norme sociale et le speed dating du 7 juillet avait pour but de rassembler des réactions spontanées et authentiques face aux excès de vitesse.

Toutes les actions de l’ISBR s’inscrivent dans un cadre professionnel: lors du speed dating, la sécurité des participantes n’a jamais été menacée. Il s’est déroulé dans une zone sécurisée, à savoir un parking clôturé. Un moniteur d’auto-école se trouvait sur place afin de veiller à la sécurité et d’intervenir si nécessaire. Les candidats masculins choisis pour le speed dating avec les participantes avaient reçu un briefing préalable de deux heures concernant les manœuvres à effectuer. Chaque candidat a exercé ces manœuvres plusieurs fois et reçu des directives sur ce qui était permis ou non d’un point de vue sécurité. Les candidats ont parfaitement respecté ces directives pendant le speed dating. L’ISBR s’est également assuré du bon accueil de chaque candidate.

Enfin, l’IBSR a demandé par écrit à chaque candidate leur autorisation d’utiliser le matériel développé pendant la séquence.

Bien que l’ISBR ait tout mis en œuvre pour que le speed dating se déroule de la manière la plus professionnelle et agréable possible, l’éventuel impact émotionnel pour les participantes a probablement été sous-estimé.

Par la présente, il tient à présenter ses sincères excuses et s’engage à accorder toute l’attention nécessaire à ce point lors de ses actions futures. Les images et les points de vue exprimés par les participantes ne seront évidemment pas utilisés sans l’accord de la personne concernée.

L’IBSR aimerait présenter ses excuses sincères aux personnes concernées. Au cas où il ne pourrait pas le faire directement, il souhaiterait que le JEP se fasse l’ambassadeur de ce message.

Il regrette que sa campagne ait pu susciter un tel désagrément auprès de ces personnes.

Décision du Jury

Le Jury a constaté que l’annonce ‘Un speed dating en charmante compagnie ?’ publiée dans Flair est un appel à candidates pour participer à un speed dating. Cette action commune Flair-Institut Belge pour la Sécurité Routière (ci-après IBSR) avait en fait pour but de récolter des réactions spontanées par rapport à une vitesse de conduite excessive, en vue d’une campagne de sensibilisation sur la vitesse, à l’initiative de l’IBSR et réalisée par une agence de communication.

Le Jury a estimé que l’annonce, diffusée dans un média qui comporte également des articles rédactionnels, n’est pas présentée de telle sorte que son caractère publicitaire apparaît instantanément et que le partenariat entre Flair et l’IBSR n’est pas apparent, ce qui est contraire aux articles 9 et 10 du code de la Chambre de Commerce Internationale (ci-après code ICC).

Le Jury a également estimé que l’annonce en question, en masquant le but réel du speed dating organisé, abuse de la confiance des consommateurs et les induit en erreur, ce qui est contraire aux articles 3 et 5 du code ICC.

Enfin, le Jury est d’avis que l’annonce manipule et joue avec les sentiments de certaines personnes en vue d’un objectif dissimulé. Le Jury a estimé que ceci porte atteinte à la dignité humaine, ce qui est contraire à l’article 4, alinéa 1 du code ICC.

Sur base des dispositions précitées, le Jury a demandé à l’annonceur de ne plus diffuser une telle annonce dans le futur.

Suite

Le Jury a pris bonne note du fait que tant l’éditeur que l’IBSR sont conscients qu’ils sont allés trop loin en organisant une telle action, qu’ils présentent leurs excuses et s’engagent à être plus vigilants lors de futures actions.

Annonceur:SANOMA MAGAZINES
Produit/Service:Flair
Média:Magazine
Critères d'examen:Loyauté, Responsabilité sociale
Initiative:Consommateur
Date de clôture: 05/09/2012